Déclaration : amour
Je suis rentrée dans l'ère du dé-ta-chement. Plus rien ne saisira jamais les nervures de mon sentiment. Depuis le début je n'en ai qu'un seul, et maintenant il se décrépit et le peu qu'il en reste fout le camp. Très discrètement, mon sentiment unique et solitaire s'enfuit comme un voleur par derrière les murs de ma cour intérieure. Désormais je suis seule, nue comme une sphère. En colère de terre. Je n'ai pas de souffrance possible pour les autres, encore moins pour moi même. Tenez-vous le pour... Je suis un mur. Au fond de moi c'est du marbre qui s'étend, à perte de vue, c'est du marbre flagrant. Et ce n'est même pas la peine d'essayer de se cogner dessus, le marbre ne s'ébranle pas, jamais plus jamais le mur ne vous répondra. Je suis un mur (il faut que vous le sachiez) et peut-être que je vous aime mais. Rien de ce que vous me crierez, rien de ce que vous me murmurerez, rien de tout ça rien du tout, ne m'atteindra. Jamais. Je suis seule sur terre et dans ma sous pente, nue comme du fil de fer. Une sphère abrupte qui vocifère. Peut-être que je me complais dans la solitude de cette colère et de ce système solaire, mais. Croyez-moi, même si j'ai le sentiment de vous aimer fort, vous n'êtes rien pour moi. Rien pour moi. Rien pour moi mais. (peut-être que je vous aime)
(Photo : Ernesto Timor)