Blocus au purgatoire
Qu'est-ce que j'irais faire en Enfer? Oui je sais et c'est bien vrai : il y a là bas quelque chose d'irrésistible. Pas seulement des flammes et des cure-dents, pas seulement des bombes, des tombes et des déchirements stridents. Il y a autre chose : la fin de l'angoisse de l'après et du pire. Et de la moquette en béton. Il y a pas mal de Rien à Perdre et trois tonnes de Rien à Foutre. C'est pas l'histoire d'un jour, c'est la beauté perçante de l'ad vitam eternam qui nous recrute par la peau brûlante des fesses. Il n'y a aucun EXIT signalétique qui clignote et encore moins de porte d'entrée - c'est qu'on y était déjà? Une seule question nous est posée : as-tu déjà perdu tes cheveux et tes rêves sur terre mon enfant ? Oui, maintenant que tu me poses la question c'est bien vrai : ils sont tombés flic floc comme une pluie sans déluge, flic floc, longue et sans entrain, flic floc, sans fougue et sans soleil à faire renaitre. Elle a bien raison la boule de feu : qu'est-ce que c'est chiant de ressusciter! Au lieu de ça elle nous laisse déguster la pluie qui n'en finit plus elle de naître. Une pluie intourmentable dont les gouttes ruissellent encore le long de ma peau vitreuse. IL N'Y A PAS MIEUX IL N'Y A PAS MIEUX. La pluie qui s'engouffre par les orifices, les nasaux et mon sacrifice de coeur aux aortes explosées.